Une toile blanche, immaculée accrochée au mur de mon atelier, elle est là, provocante depuis plus d'un an. Sa blancheur me fascine et m'angoisse. Je la trouve impudique. Je la recouvre d'un drap blanc. Six mois. Six mois de réflexion. Comment vais-je l'aborder. La peinture se meurt. Y-a-t-il encore de la peinture? Et puis cette page du journal de ma mère récemment disparue
"Quelle joie, Michel repeint".
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![](Photos/Erwitt.jpg) |
Elliot Erwitt (Photographie) |
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Et puis cette photo d'Elliot Erwitt.
N'est-ce pas mon instituteur, Monsieur Dupont qui regarde ce cadre vide, noir. Ma toile blanche sera noire comme le tableau du Monsieur Dupont de mon enfance, mais cette fois, c'est Monsieur Dupont qui s'interrogera sur le tableau. Il réfléchit. Son crâne aussi d'ailleurs, il réfléchit la lumière, lui...
Il faut impérativement que j'aille au tableau. Il me faut plus que réfléchir; je subis l'étrange pouvoir de la peinture, j'irai au tableau noir... Je le recouvrirai d'une toile noire. Je multiplierai les têtes réfléchissantes sur ma peinture ils seront nombreux ces "dupont" à se poser des questions.
Je serai peut-être moins seul qu'avec ma toile blanche. |